Le n°40 des Cahiers antispécistes est entièrement consacré au mouvement de pensée qui invite à se saisir de la question de la souffrance des animaux sauvages, et à chercher les modes d’intervention humaine qui permettaient de la réduire. Il nous a semblé opportun de fournir quelques repères sur la pensée RWAS (Reducing Wild-Animal Suffering) car elle connaît une certaine montée en puissance depuis quelques années. Même s’il existe des publications dans d’autres langues, la majorité des travaux en ce domaine paraissent en anglais. Notre capacité à recruter des traducteurs (compétents et bénévoles) étant limitée, nous avons procédé de la façon suivante pour effectuer une petite sélection parmi ces écrits. À titre d’entrée en matière, nous avons choisi un texte de Jacy Reese, qui présente bon nombre des thèmes caractéristiques de ce courant, exposés dans un style très accessible. Il nous a ensuite paru indispensable de publier un texte d’Oscar Horta et un texte de Brian Tomasik. Il s’agit en effet des deux auteurs qui, aujourd’hui, sont les plus influents dans ce domaine, et dont les thèmes sont repris par beaucoup d’autres. Même si la paternité ne leur en revient pas, Horta et Tomasik ont donné une impulsion décisive à l’idée de la prédominance de la souffrance sur le bonheur dans la nature, qui est désormais devenue un lieu commun des écrits RWAS. On la trouvera exposée dans les articles « Le mal dans la nature » (Horta) et « L’importance de la souffrance des animaux sauvages » (Tomasik). Si l’on y prête attention, ces deux textes laissent entrevoir en quoi ces deux auteurs sont par ailleurs différents, mais il est nécessaire de parcourir d’autres écrits de l’un et de l’autre pour vraiment sentir la nuance. La pensée de Horta s’inscrit très fortement dans une approche de philosophie éthique, et fait toujours une large place à la notion de spécisme, caractères que l’on retrouve chez les jeunes chercheurs qu’il inspire. Ces traits sont moins présents chez Tomasik, qui est un chercheur indépendant original et prolifique. Lui est plus attentif à la recherche d’information sur les faits, et plus axé sur l’évaluation de l’impact que peuvent avoir des changements de divers ordres sur les animaux sauvages. Il est aussi très intéressé par les évolutions que pourraient amener, en bien ou en mal, les technologies du futur, avec le développement de l’intelligence artificielle, l’apparition de machines intelligentes et sentientes, ou encore la colonisation d’autres planètes.
Le quatrième texte de ce numéro, de David Olivier, traite d’un aspect plus particulier du malheur dans la vie sauvage : celui de la prédation. Il s’agit d’une préoccupation ancienne chez lui, puisqu’il fut à l’origine, avec Yves Bonnardel, du numéro 14 des Cahiers antispécistes (décembre 1996) largement consacré à ce sujet.
Dans le cinquième et dernier article de ce numéro, Michael Hauskeller jette un regard critique sur l’engagement transhumaniste en faveur des animaux, qu’il soupçonne d’être surtout une volonté de les faire disparaître en tant que tels. Cet article est le seul de ce volume qui n’émane pas d’auteurs de la mouvance RWAS (laquelle fut déjà défendue à travers plusieurs articles publiés dans les Cahiers des années 1990 au début des années 2000, lorsque la revue était encore animée par ses fondateurs). Précisons toutefois que le prochain numéro des Cahiers (CA n°41) reviendra sur le sujet et livrera un regard sur la pensée RWAS extérieur à celle-ci.
Choix des texte et coordination des travaux : Estiva Reus.
Traductions : Vincent Bozzolan, Jean Gaultier, Anaïs Maniaval, Estiva Reus.
Relecture : Marilou Cherville, Dominic Hofbauer, Marceline Pauly, Estiva Reus.
Choix des photos pour la version web : Dominic Hofbauer
Mise en ligne et édition de la version epub : Younès Benjelloun