Socialisme et cause animale dans les années 1880
L'article de Marie Huot « Le droit des animaux » reproduit dans ce numéro des Cahiers antispécistes est paru dans la Revue socialiste en juillet 1887. Que l'une des principales revues du mouvement social de l'époque accorde une place au thème de la défense des animaux mérite l'attention. Quelques éléments sur ce contexte assez peu connu ainsi que sur l'auteur de l'article, Marie Huot (1846-1930).
La Revue socialiste est créée par Benoît Malon (1841-1893) en 1880 et, après une interruption, reprise en 1885 comme « foyer où convergeront toutes les idées de réforme et de transformation sociale [1] ». Malon, ancien ouvrier teinturier autodidacte de Puteaux, membre de la Première internationale et journaliste opposant à l'Empire, a été élu de la Commune de Paris puis exilé en Suisse et en Italie. C'est une figure de ce courant socialiste renaissant qui se cherche entre plusieurs tendances (possibilisme, guesdisme [2]) ; il tient compte de l'état concret de la société sans pour autant rejeter l'ensemble des aspirations philosophiques du socialisme utopique [3]. D'autres protagonistes de la Commune – Louise Michel (1830-1905), Félix Piat (1810-1889), ou encore l'ami de jeunesse de Jules Vallès (1832-1885) Arthur Arnould (1833-1895) – ou du socialisme d'inspiration communaliste – dont le collaborateur de la Revue socialiste Louis Dramard (1850-1888) – ont été également engagés, durant cette période, contre la tauromachie ou la vivisection, ou sensibles à ces causes, de même qu'un certain nombre de publicistes et écrivains républicains, socialistes ou anarchistes. Il s'agit bien d'un phénomène collectif, modeste compte tenu des faibles forces du mouvement socialiste, mais significatif dans la mesure où il en touche des acteurs authentiques. Esquissons quelques pistes pour éclairer cette séquence
Sans doute l'exemple de la Suisse, où beaucoup de fédérés fugitifs ont vécu de longues années d'exil (l'amnistie n'intervient qu'en 1880), ainsi que dans d'autres pays (Italie, Belgique, Angleterre) a-t-il contribué à renforcer leur sensibilité à l'égard des animaux. Arthur Arnould – lui aussi ancien élu de la Commune puis un proche de Bakounine dont il sera l'un des exécuteurs testamentaires – consacre ainsi dans ses souvenirs d'exil plusieurs pages au statut des animaux à Genève :
« Le Genevois a l'amour et le respect des animaux, de même qu'il a l'amour et le respect des arbres […] ».
« Quant aux chevaux, il faut bien les faire travailler, mais par quel comble d'attentions délicates cette cruelle nécessité n'est-elle pas rachetée. D'abord, pas de coups de fouet. Un charretier qui battrait son cheval serait assommé sur place. Aussi jamais de ces spectacles hideux dont les autres pays – et Paris en particulier – sont souvent le théâtre. ».
« Le Genevois pousse le respect des droits de l'animal – car n'en déplaise aux ignorants, aux gens religieux et aux sots, l'animal a des droits comme tout ce qui vit – (...) si loin que vous voyez rarement à Genève un oiseau en cage. – "Ah pauvre bête ! il serait mieux en liberté !" » [4]
D'autres pratiques helvétiques – comme le rapport aux enfants, la façon de les vêtir, etc. – en avance par rapport aux habitudes françaises, ont également vivement intéressé les exilés. La plupart d'entre eux sont des Parisiens chevronnés (et pour lesquels Paris a une sorte de mission révolutionnaire universelle) pour lesquels c'est la première expérience de vie à l'étranger ; hommes curieux (beaucoup sont des journalistes et des autodidactes), ils vont s'ouvrir à certains aspects « modernes » de ce pays, que son régime politique fédéral fascine parfois. Une certaine douceur des moeurs, en contraste avec la brutalité qui prévaut en France dans les rapports sociaux – et entre hommes et animaux – a pu contribuer à les sensibiliser à la question animale.
Mais cette sensibilité à l'égard des animaux, tout particulièrement à travers leur nature sensible et donc souffrante – et donc la perception des pratiques helvétiques – s'inscrit sans doute d'abord dans une tradition d'opposition politique à l'Empire introducteur de la corrida moderne dans les années 1850. La corrida, le spectacle des combats d'animaux, fait déjà l'objet de contestation chez des opposants comme Victor Hugo (1802-1885) ou l'exilé quarante-huitard Ernest Coeuderoy [5]. La République ne rompt pas véritablement avec ces pratiques, en dépit des réclamations des opposants afin de faire appliquer la loi Grammont du 2 juillet 1950 protégeant les animaux de mauvais traitements en public, et la lutte contre les spectacles tauromachiques, qui se multiplieront dans les années 1890, mais également contre la vivisection, implique républicains d'extrême-gauche, socialistes, libertaires – et chrétiens. Zola (1840-1902), Séverine (1855-1929), Mirbeau (1848-1917) figurent parmi ces plumes critiques ou renforcent par leurs écrits d'amis des animaux la sensibilité à ces questions.
Peut-être peut-on aussi avancer l'hypothèse d'une certaine identification, dans les lourdes années d'après la Commune, sous l'Ordre Moral, entre le souvenir du sort des fédérés massacrés et celui des animaux sacrifiés ; les travailleurs des faubourgs en 1848, les « communards » en 1871, sont parfois représentés comme une espèce quasi-animale et traités comme tels : durant la Semaine Sanglante et la semaine suivante, les gares, casernes, parcs et jardins de Paris sont véritablement transformés en « abattoirs [6] ».
Ce courant d'opposition politique à la tauromachie, les valeurs de bienveillance universelle du socialisme [7], l'exemple de nations comme la Suisse ou l'Angleterre où le végétarisme a pris un certain essor, contribuent dans les années 1880 à susciter un courant favorable à la fois à des pratiques de contestation de la cruauté légale – cycles de conférences, meetings, chahuts, articles de presse –, et à l'amorce d'une réflexion de nature plus théorique sur la cause animale.
Dans son étude La Morale sociale parue dans la Revue socialiste puis rééditée en 1895 avec une introduction de Jean Jaurès [8], Malon consacre ainsi plusieurs pages aux devoirs à l'égard des animaux – Marie Huot en cite de larges extraits dans son article. Cette étude participe elle-même d'une série de travaux contemporains qui, dans le camp socialiste et révolutionnaire, posent la question de la fondation d'une morale individuelle et sociale nouvelle, dégagée de l'emprise du clergé, des prêtres. Chez Kropotkine en 1891 dans La Morale anarchiste [9], chez Dramard dans son article « Transformisme et socialisme » qui inaugure la Revue socialiste, chez Malon, affleure l'idée, que l'on entend opposer au darwinisme social interprété dans un sens impitoyable, d'une solidarité ou d'une entraide chez les animaux, les mammifères notamment.
Le scientisme imprègne certes parfois cet horizon de pensée. Kropotkine insiste ainsi sur la loi de « préservation de la race », « non pas pour l'individu, comme disaient Bentham et Mill », comme étant à l'origine de la morale, chez les animaux et chez les humains. Une part de « roman anthropologique » projette des composantes idéologiques – ici les valeurs d'entente des libertaires – dans le règne animal [10]. Il convient donc certainement de contextualiser cette approche, les animaux parlant dans ces récits, comme dans les contes, le langage libéral ou au contraire socialiste des humains.
Il paraît cependant notable que des hommes et des femmes engagés dans le mouvement social aient alors intégré la question animale et sa dimension sensible dans leurs réflexions. Le prolétariat connaît une condition misérable : très forte mortalité infantile, tuberculose, prostitution de mineures, fléaux traités par la Revue socialiste [11], et se relève à peine de sa « troisième défaite », pour reprendre le titre d'une étude de Malon sur la Commune [12]. Dans ce contexte, on pourrait penser qu'ils ont d'autres préoccupations : la construction du parti ouvrier, la propagande, l'action politique ou syndicale – mais ils suggèrent néanmoins que l'affranchissement humain ne saurait se faire contre ces « frères inférieurs ». « A-t-on à s'occuper des bêtes quand tant d'êtres humains sont encore écrasés par la vie ? C'est voir les choses par le petit côté. Le souci des bêtes n'empêche pas le souci des hommes [13]. »
Marie Huot est l'une des protagonistes les plus actives de ce courant. Future poétesse symboliste, c'est la conjointe d'un fonctionnaire de l'Instruction publique démis de ses fonctions pour ses opinions laïques durant l'Ordre Moral qui devient le gérant d'une gazette consacrée aux arts et à l'industrie – L'Encyclopédie contemporaine illustrée – qui lui sert de tribune. Elle popularisera en 1892 le mot d'ordre de « grève des ventres » dans le courant néo-malthusien du pédagogue anarchiste Paul Robin (1837-1912) ; c'est une collaboratrice de L'En dehors de Zo d'Axa. Elle est secrétaire de la Ligue populaire contre la vivisection – scission de la Société protectrice des animaux qu'elle conduit après un chahut contre une démonstration scientifique de vivisection –, qui se donne Hugo comme président d'honneur ; Dramard rend compte de l'une de ses conférences dans la Revue socialiste [14]. Elle lutte aussi contre la vaccination pasteurienne [15].
Elle est en même temps engagée à partir de 1886 dans la lutte contre la tauromachie à Paris, organisant avec un groupe d'activistes meetings – l'un d'eux rassemble mille personnes, Louise Michel (1830-1905) et Félix Piat (1810-1889) interviennent –, actions de chahuts et conférences :
« Le 19 janvier 1887 ; – passant de la parole aux actes – une vingtaine de mes amis et moi nous nous rendîmes à l'Hippodrome, où la première course avait lieu. Les poches bourrées de sifflets stridents – parce qu'il en fallait pour le rechange ; nous pensions bien qu'ils nous seraient arrachés […] nous nous étions disséminés par petits groupes de deux ou de trois dans l'intention d'agir successivement ; c'est-à-dire que quand un groupe aurait été expulsé, un autre groupe lui succéderait, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la représentation, que nous voulions non seulement troubler, mais empêcher. […] Il n'y avait pas d'autre moyen pratique... à moins de prendre un revolver. Nous y avions bien pensé un instant ; mais, entre des mains antivisectionnistes, ça détonne avec les principes [16]. »
En juin 1900 a lieu une nouvelle campagne antitauromachique. Son ami le peintre d'origine suédoise lié aux libertaires Ivan Aguéli (1869-1917) – il figure parmi les inculpés du Procès des Trente de 1894, avec les principales plumes libertaires dont le futur rédacteur de La Revue blanche Félix Fénéon (1861-1944), et a rencontré Kropotkine à Londres –, fils d'un vétérinaire et ami des animaux, tirera, lui, au pistolet sur un toréador lors de la préparation d'une corrida à Deuil, en région parisienne. Elle soutiendra ce geste en prévenant, par lettre publiée dans la presse, le ministre de l'intérieur d'actions similaires si des corridas à l'espagnole étaient à nouveau autorisées [17] .
« Mandée comme témoin au sujet de cette affaire par-devant le tribunal de Pontoise [...] j'approuvai hautement son acte, et crus de mon devoir de déclarer que plusieurs de nos amis étaient prêts à l'imiter en d'analogues circonstances [18]. »
Il convient peut-être aussi d'évoquer, dans le contexte de la diffusion de cette sensibilité en faveur des animaux qui entoure la Revue socialiste, l'engagement de plusieurs protagonistes de ce courant sur la scène occultiste théosophique alors en vogue : Dramard écrit à partir de 1884 pour La Revue du mouvement social fouriériste, La Revue socialiste et La Revue moderne plusieurs articles favorables à la Société théosophique. Ce mouvement a été récemment créé aux Etats-Unis. Dramard a connu son existence par Malon. La première réunion de la branche Isis, qu'il préside, se fait en 1887 dans le local même de La Revue socialiste ; Arnould devient théosophe en 1884 et directeur du Lotus bleu, l'organe théosophique français, en 1890 ; Aguéli est présenté à sa branche Ananta au début des années 1890. En fait aussi partie une autre jeune anarchiste qui deviendra célèbre pour ses voyages en Asie, Alexandra David futur David-Néel (1868-1969).
La théosophie prolonge probablement leurs convictions à l'égard du monde animal à travers deux canaux : .
– le contenu de son enseignement d'une part, à travers une relecture du bouddhisme et de l'hindouisme (avec théorie de la réincarnation, idée fondamentale d'une unité des formes d'existence), enseignement qui se présente, pour ces socialistes ou ces libertaires, comme une morale alternative au cléricalisme catholique [19] ; .
– mais également le courant compassionnel anglo-saxon (libre-penseur, abolitionniste, féministe, socialisant) où ce mouvement, en tout cas partiellement, s'inscrit et recrute – par exemple avec Annie Besant (1847-1933). Cette ancienne militante de renom de la libre pensée et du contrôle des naissances britannique, passée au socialisme par une conférence de Louise Michel, amie de Bernard Shaw (1856-1950), intègre ce mouvement et en prendra la tête [20].
De surcroît, les théosophes sont (ou tendent à être) végétariens – des anarchistes également, comme le géographe (et franc-maçon, comme son ami Benoît Malon) Elisée Reclus (1830-1905) également proche de la jeune David-Néel [21]. Les différents milieux comprennent un certain nombre de femmes particulièrement actives. Indice de ces affinités idéologiques (qui ne doivent évidemment pas gommer les différences), on voit logiquement, en même temps que la parution de l'article de Marie Huot, un long article antivivisectionniste et de réflexion sur les animaux dans la revue théosophique française [22]. Les théosophes défendront du reste les animaux [23]. Autant de thèmes moraux qui fusionnent, dans une sorte de panthéisme évolutionniste, ainsi dans cet extrait d'une lettre de Dramard à la théosophe venue du socialisme Camille Lemaître – citée par Malon dans l'hommage qu'il rend à son ami : pour celui-ci, « le salut ou élévation morale des prochains, de nos parents, de nos amis, nos frères des règnes inférieurs, l'avancement de l'univers, en un mot, doit être notre mobile principal [24] ».
Il apparaît ainsi – si ces pistes sont justes – que plusieurs formes de sensibilité : tradition républicaine d'opposition à la tauromachie et à la cruauté envers les animaux ; éléments de comparaison et donc de jugement, par des exilés de la Commune, avec d'autres pays plus en avance sur cette question, dont la Suisse ; idée de l'entraide comme moteur de l'évolution chez les mammifères supérieurs ; compassion de type néo-hindouiste ou bouddhiste apportée par la théosophie – se répondent et constituent un réseau assez dense d'idées et de pratiques qui tendent à faire alors émerger, en France, la question animale comme l'une de celles que le socialisme, dans sa composante philosophique et morale revendiquée par des hommes comme Malon, se doit de prendre en charge.
Ce réseau est intéressant : il établit des liens entre des protagonistes de plusieurs générations : révolutionnaires de 1848, opposants à l'Empire et fédérés actifs dans le renouveau du socialisme dans les années 1880 ; jeunes anarchistes nés dans les années 1865 ; journalistes, écrivains et artistes-peintres. Philosophiquement, il articule aspirations politiques et surtout morales socialistes ou libertaires et un évolutionnisme qui traverse peut-être aussi partiellement une frange de l'occultisme. Il se défait cependant à partir des années 1890 : les protagonistes de la Commune meurent (Malon en 1893, son cortège funèbre suivi par 10 000 Parisiens, Arnould en 1895) ; Dramard est décédé depuis 1888 ; des jeunes libertaires passés par la théosophie s'éloignent d'Europe (Aguéli en Egypte, David-Néel en Asie) ; des artistes symbolistes ou nabis plus ou moins influencés par l'occultisme théosophique – comme Emile Bernard (1868-1941), qu'Aguéli avait eu pour maître à son arrivée à Paris (et dont Marie Huot gardait les chats quand il séjournait en Egypte) – se rapprocheront, eux, de l'Eglise, parfois de la « tradition occidentale » héritière de l'illuminisme – courant de pensée qui est moins favorable, lui, à la question animale [25]. Les points de contact entre socialisme et cause animale se distendent.
Mais l'on assiste surtout, avec le XXe siècle, au phénomène sans doute déterminant de la conversion assez nette d'artistes et d'intellectuels à la corrida et à son esthétique, autour de Picasso (1881-1973) et d'autres artistes qui seront parfois liés au surréalisme [26]. En dépit de l'opposition de quelques milieux [27], la question animale – en tout cas établie sur une base socialiste, à l'écoute de la sensibilité et de la souffrance – se referme en France pour de nombreuses années.
Article mis en ligne le 17 août 2010
[1] La Revue socialiste n°1, 1885.
[2] Le possibilisme, favorable à une transformation graduelle de la société, est défendu notamment par l'ancien anarchiste Paul Brousse (1844 -1912), qui s'oppose alors à Jules Guesde (1845-1922), du Parti Ouvrier Français. Les deux tendances se fondront dans la SFIO.
[3] « Nous nous dîmes dès lors que le socialisme renaissant ne devait pas, par une réaction exagérée contre l'ancien socialisme utopique, se limiter aux questions purement économiques et qu'il devait se préoccuper de toutes les grandes questions philosophiques, politiques et sociales du temps présent », Benoît Malon, A la mémoire de Louis Dramard, imp. Baré, Guise, 1888.
[4] Arthur Arnould, « De Paris à Buenos-Aires par un voyageur malgré lui », Le Rappel, août 1874, extraits publiés dans Gustave Lefrançais et Arthur Arnould, Souvenirs de deux Communards réfugiés à Genève 1871-1873, Edition Collège du travail, Genève 1987 (présentation de Marc Vuilleumier), p.188 et suiv.
[5] Ernest Coeuderoy, La corrida de toros en Madrid (1853), Atelier de création libertaire, Lyon 2003 (avec des textes d'Alain Thévenet et d'Yves Bonnardel).
[6] Jacques Rougerie, La Commune de 1871, PUF, 1988, p. 119. Des milliers de Parisiens ont ainsi été exécutés après les combats. Les métaphores cynégétiques de l'armée versaillaise sont éclairantes sur cette animalisation du prolétariat : « Et pour qu'en tuant les femelles, on pût se débarrasser en même temps des petits (cela a été répété sur tous les tons !) », G. Lefrançais, Étude sur le mouvement communaliste, Neuchâtel, 1871, p. 355.
[7] Que l'on doit plus que tempérer : c'est aussi, après la guerre franco-allemande de 1870, une période de chauvinisme et, avant l'affaire Dreyfus, une séquence du socialisme traversée par l'antisémitisme, qui n'épargne pas des collaborateurs de la Revue socialiste et Malon lui-même : Michel Dreyfus, L'antisémitisme à gauche, La Découverte, 2009.
[8] Librairie de la Revue socialiste, 1886, réédition Le Bord de l'eau 2007, avec une présentation de Philippe Chanial.
[9] Réédition du groupe Fresnes-Antony de la Fédération anarchiste (1989).
[10] Expression empruntée à André Pichot : La société pure. De Darwin à Hitler, Flammarion, 2000. Sur Kropotkine et sa projection des valeurs de solidarité et d'entraide chez les animaux, voir pp. 106-107.
[11] « La prostitution des filles mineures », n°34, « La mortalité des jeunes enfants », n°50, etc.
[12] Benoît Malon, La Troisième défaite du prolétariat, 1876.
[13] Malon, La Morale sociale, p.373.
[14] « Une conférence antivivisectionniste », La Revue socialiste n°32, août 1887.
[15] Christiane Douyère-Demeulenaere, « Les polémiques atour du traitement antirabique de Pasteur », Gavroche n°128, mars-avril 2003. Certaines informations sur Marie Hot viennent des recherches de Christiane Douyère.
[16] Ligue populaire contre la vivisection, Les courses de taureaux à Paris (1887-1888-1889), conférence faite le 11 juin 1890 à la salle des Capucines par Mme Marie Huot, Paris, secrétariat de la Ligue populaire, 1890. On déplore dans ce texte intéressant des allusions antisémites et/ou xénophobes.
[17] L'Aurore, 18 mars 1901 et l'Encyclopédie contemporaine illustrée n°460, 25 mars 1901. Cette lettre est republiée dans D. Andro, « Une page de la lutte contre la tauromachie. L'attentat de Deuil du 4 juin 1900 », Gavroche n°159, juillet-septembre 2009.
[18] Aguéli fera quelques mois de prison préventive. Sa correspondance – que nous n'avons pu encore consulter – de cette période avec Marie Huot se trouve à Stockholm.
[19] Aspects également présents chez les spirites, par leur face fraternelle et libre-penseuse : des responsables militent ainsi dans la Ligue pour l'Enseignement de Jean Macé. La place des animaux dans la littérature spirite (ainsi avec les phénomènes de télépathie des animaux) demanderait une étude spéciale. Ce mouvement a alors une certaine audience : on a estimé à 600 000 le nombre de Français proches du spiritisme et du spiritualisme vers 1900.
[20] S. Glachant, La vie d'Annie Besant, Adyar 2004, p. 62-63 ; George Fisher, « Un trait d'union : Annie Besant (1847-1933) », Tiers-Monde, 1974, tome 15, pp. 341-355. A noter que Dramard fait allusion au « monisme matérialiste » d'Hoeckel dans certains de ses articles.
[21] Parmi les courants intellectuels à explorer pour approcher ces différentes sensibilités, sans doute faut-il aussi interroger les milieux protestants dont certains des protagonistes proviennent (Annie Besant, les Reclus fils de pasteur, Wilian Quan Judge – un des fondateurs de la théosophie – de famille méthodiste, etc.).
[22] René Caillié, « Pauvres bêtes. Vivisection, zoophagie, végétarisme », Le Lotus, mai et juin 1887. Même sensibilité antivisectionniste chez les théosophes anglais : Judge signale ainsi en 1884 une lettre d'un « Maître » (l'une des croyances des théosophes) louant l'action antivivisectionniste d'Anna Kingsford, présidente de la Hermetic Lodge de Londres, cf. Lettres qui m'ont aidé, Textes théosophiques, 1990, p.249.
[23] Marie-José Delalande, Le mouvement théosophique en France (1876-1921) , doctorat d'histoire, Université du Maine, 2007. Cette sensibilité s'exprimera aussi chez l'Indienne Rukmini Devi Arundale (1904-1986), longtemps vice-présidente de l'Union végétarienne internationale ou, plus récemment, dans le soutien tacite aux activistes de la libération animale : Radha Burnier, « Notre terre en péril », Le Lotus bleu, avril 1987.
[24] B. Malon, A la mémoire de Louis Dramard, op. cit. Malon lui-même n'est pas théosophe.
[25] Elisabeth Hardouin-Fugier, communication personnelle.
[26] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, La corrida, PUF 1995.
[27] Ainsi des chrétiens sociaux et des libertaires : « Les courses de taureaux et les chrétiens sociaux dans le Nord », L'Ère nouvelle n°5, septembre 1901.