C'est sous ce titre qu'une page entière est consacrée par le journaliste Sylvain Besson à ce thème, dans le Journal de Genève et Gazette de Lausanne du 24 janvier 1997 (il s'agit d'un journal à gros tirage et à distribution internationale). En voici l'introduction :
Avec l'industrialisation des méthodes d'élevage, les rapports entre humains et animaux n'ont jamais autant été d'actualité qu'aujourd'hui. Au delà de ses aspects sanitaires, la crise de la vache folle - entre autres - pose un problème éthique : comment l'homme doit-il se comporter envers les autres créatures ? La réponse de Peter Singer et d'autres philosophes qui se sont penchés sur le problème est sans équivoque : il est moralement injustifiable de traiter les animaux autrement que comme des personnes, ayant le droit de vivre, de ne pas être mangées ou tourmentées dans des laboratoires. La force des arguments « antispécistes » a persuadé un nombre croissant de gens à militer en faveur de la libération animale et à se passer des produits animaux dans la vie quotidienne.
Sylvain Besson nous avait prévenues qu'il ne ferait pas un article militant : et effectivement, il s'agit d'un très long article, très bien informé, qui reste impartial et... ne constitue de ce fait pas du tout une défense de l'humanisme, comme l'habitude nous aurait permis de nous y attendre.
Les différentes théories éthiques antispécistes, et notamment les thèses de Regan et Singer sont bien présentées et commentées, ainsi que les arguments qu'on leur oppose. Exemple :
« Dans la nature, tous les êtres favorisent leur propre espèce. Il n'y aurait donc pas de raison pour que l'humanité adopte une morale différente » résume Bernard Baertschi [maître-assistant au Département de philosophie de l'Université de Genève]. Selon Singer, ce raisonnement biologiste « serait rejeté si, au lieu de distinguer entre les espèces, il prétendait traiter les individus en fonction de leur race ou de leur sexe ». Pour lui, refuser d'étendre aux animaux la considération que l'on accorde aux humains est arbitraire. Le biais qu'ont la plupart des hommes en faveur des membres de leur espèce, le « spécisme », équivaut moralement au racisme ou au sexisme.
L'article consiste essentiellement dans une présentation détaillée du débat spécisme/ antispécisme et des différents arguments qui s'affrontent, avant d'aborder la question de Comment vivre en accord avec la morale antispéciste ?, en présentant le végétarisme, bien sûr, mais aussi le végétalisme et le boycott des sous-produits animaux, des produits testés, etc. Il se livre aussi à une interview d'un militant.
Cet article, nous l'espérons, marque le coup d'envoi d'une présentation honnête de l'antispécisme dans la presse. De fait, des mentions positives de l'antispécisme se multiplient ces derniers temps. De quoi être optimistes ? Allez, une fois n'est pas coutume !
Cet article de journal pleine page de format A3, du fait de sa très bonne présentation et de son sérieux peut être affiché dans les centres sociaux, les collèges et lycées, les MJC, les bibliothèques, les salles d'attente, etc. Son seul défaut : ne mentionner aucun contact du mouvement antispéciste (qu'il vous faudra donc rajouter).