Pour la première fois nous vous présentons, en page 5, un texte théorique de Tom Regan. On y trouvera un résumé de sa position - celle selon laquelle les animaux non humains ont des droits moraux, tout comme les humains, et pour les mêmes raisons [1]. On remarquera - nous l'avons déjà dit mais il n'est pas inutile de le redire - que ces droits n'ont aucun rapport avec les dits « droits de l'animal » propagés par certains (voir le texte d'Yves Bonnardel dans les CAL n°2, janvier 1992) et qui ne remettent même pas en question l'élevage et l'abattage pour la viande.
C'est avec quelque retard que nous bouclons ce numéro 5 ; nous nous en excusons auprès des lecteurs qui se sont inquiétés de nous. C'est la faute, entre autre : à l'actualité, et en particulier à la parution en septembre dernier du Nouvel Ordre écologique de Luc Ferry - livre écrit en partie contre le mouvement de libération animale, que l'auteur classe parmi les écologies. Pendant deux mois, les médias se sont agités autour de l'affaire, invitant toujours le même, répétant toujours la même chose - et évitant soigneusement de donner la parole aux militants de la libération animale, même quand ils frappaient à leur porte.
C'est en réponse à ce livre, qui confond systématiquement comme tout le monde les animaux et la « nature », que j'ai écrit un peu à la hâte - j'espère que c'est lisible - le texte que l'on trouvera page 17. Nous reproduisons également à partir de la page 41 un article que j'avais écrit il y a déjà longtemps, mais qui répondait d'une certaine façon d'avance aux positions humanistes du livre de Ferry.
L'actualité, c'est aussi la conférence donnée à Bruxelles par Peter Singer en octobre dernier, et surtout ce sera, dans les mois qui viennent, la publication en français de sa Libération animale - dont la sortie est actuellement fixée par Grasset pour le 2 mars prochain. Nous comptons à cette occasion faire reparler de la libération animale dans les médias - cette fois d'un autre point de vue. Singer doit venir en Europe à cette époque, et nous espérons organiser au moins une conférence publique à Paris et à Lyon.
En attendant, un certain média a bien parlé de la libération animale - mais pas tout à fait de son plein gré, puisqu'il s'agit de Télérama - journal d'une gauche bien pensante - et du droit de réponse dont nous avons fini par obtenir la publication. Nous en parlons page 33.
Une des différences majeures entre l'écologie et la libération animale concerne les plantes. Si nous militons pour la libération animale, c'est que nous pensons que les plantes ne sont pas des êtres sensibles, c'est-à-dire qu'elles n'éprouvent ni joies ni souffrances - Yves Bonnardel donne page 34 quelques-unes des raisons que nous avons de penser cela. Or nous ne défendons pas un « système », mais les êtres qui ont eux-mêmes intérêt à être défendus, qui sont sensibles. Steve F. Sapontzis aborde cette question dans un chapitre de son livre Morals, Reason, and Animals, chapitre dont nous publions la première partie page 53. Certains pousseront peut-être des soupirs, ayant trouvé ardu le premier texte de Sapontzis que nous avons publié (CAL n°3) ; personnellement, je pense que cet auteur important gagne à être lu, et relu - si ce n'est que pour le curieux mélange de simplicité et de richesse qu'on trouve dans ses textes.
Avec près de 80 abonnés, nous avons retrouvé un chiffre proche de celui d'avant le moment fatidique des premiers réabonnements - moment qui représente toujours une épreuve pour une nouvelle publication. En effet, la cinquantaine de personnes dont l'abonnement se terminait avec le numéro 4 s'étaient abonnées sans pouvoir réellement connaître la revue - et le fait que la majorité d'entre elles se soient réabonnées est pour nous un témoignage de l'intérêt qu'elles voient à notre entreprise.
Ce numéro est bien plein (nous n'avions jamais fait autant de pages) mais trop pauvre comme toujours en informations militantes pratiques - par manque de place, de temps, et d'informations. On en trouvera cependant quelques-unes en pages 38, 40 et 62. Par ailleurs, au niveau organisationnel, ça bouge en région parisienne, puisqu'il s'est formé récemment le nouveau groupe « Action Éducation pour les Droits des Animaux ». On en trouvera l'adresse page 63.
[1] On notera la parution récente d'un article en français sur les positions de Regan et de Singer : Jean-Yves Goffi, « La question du droit des animaux », dans Vers un anti-destin ? Patrimoine génétique et Droits de l'humanité, éd. Odile Jacob, 1992 (article précédemment publié par L'Enseignement philosophique, 42e année, n°2 (novembre-décembre 1990)).