Ce numéro est assez compact, dira-t-on ; s'y trouvent en effet deux textes longs et assez théoriques. Le premier est en page 5, où Yves Bonnardel aborde deux concepts centraux dans le statut accordé aujourd'hui aux animaux non humains, celui d'appropriation - car ils ne sont fondamentalement perçus que comme des objets - et celui de Nature (avec un grand « N ») - car ils en font, paraît-il, partie. Le second texte, page 33, est de moi-même, et traite de l'implantation du spécisme au centre de la science biologique moderne. On ne trouvera par contre pas dans ce numéro de traduction de texte philosophique de l'anglais ; non que nous n'ayons plus l'intention d'en publier - il y en a, c'est le moins que l'on puisse dire, encore beaucoup de très intéressants - mais parce que nous pensons effectivement qu'il y a à gagner à recentrer un peu les débats sur le terrain de la philosophie à la mode européenne tout en les élargissant à la critique de nombreux aspects quelque peu délaissés dans les pays anglo-saxons
Un texte plus frétillant mais aussi très fin est celui d'Estiva Reus, en page 20. L'analyse qui y est faite des mécanismes dont font usage nos opposants dans la presse sera - espérons-le ! - de plus en plus utile au fur et à mesure que la lutte se développera.
La diffusion et la notoriété des Cahiers antispécistes, elles, se développent petit à petit - nous en sommes en particulier à environ 140 abonnés - mais bien lentement quand même. En pages centrales nous avons placé un encart publicitaire pour la revue. N'hésitez donc pas, si vous désirez aider à la progression de la libération animale, à nous aider comme cela est expliqué en page 28.
On trouvera un autre encart en pages centrales, celui du catalogue d' « Idées pour » (...remettre en question l'oppression spéciste). Ont été effectivement regroupés sous ce nom un ensemble de publications et d'objets militants (tee-shirts, etc.) produits au fil des ans, par les Cahiers antispécistes entre autres. On peut bien sûr continuer à les commander à notre adresse, ou inversement commander les Cahiers à l'autre.
Diverses « querelles » ont été rapportées dans les derniers numéros des Cahiers. Nous aussi, tout comme Nicolas Dzaman qui le dit à propos du nouveau journal de libération animale dont il a le projet - voir son appel page 26 -, nous désirons que notre revue ne devienne pas un champ de bataille. Des désaccords profonds existent cependant avec certaines positions, et il est clairement bon de les exprimer. Que cela doive se faire sans mépris, cela aussi est clair. Je n'ai pas eu le sentiment, lorsque j'ai écrit dans le dernier numéro des Cahiers un article dénonçant le caractère spéciste de la plus grande partie des organisations et courants dans le monde qui se réclament de la libération animale, ainsi que l'influence du spécisme dans les prises de position de Peter Singer, d'exprimer un mépris. Le ton était cependant brusque, et l'article, écrit rapidement, a provoqué, outre des réactions positives, certaines qui montrent qu'il a été mal reçu. On en trouvera une en particulier page 53. Décidons donc à l'avenir de soigner le ton, en nous mettant à la place de celui que nous critiquons - cela vaut pour moi, certes, comme pour d'autres. La clarté des désaccords réels gagnera à ne pas être noyée dans ce qui peut apparaître comme, voire à force devenir effectivement, des querelles personnelles.
Permettre l'échange des points de vue, c'était aussi l'objet de la semaine de réflexion qui a eu lieu entre militants début septembre dernier. On en trouvera une présentation et des comptes rendus page 29. J'espère que l'expérience se renouvellera, car j'ai là aussi eu le sentiment que, petit à petit, nous progressons.