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Cahiers antispécistes n°10 - septembre 1994

Éditorial

Après une absence assez longue - le numéro 9 date de janvier dernier - voici le numéro 10 des Cahiers antispécistes. Eh oui : nous avons entretemps changé de nom, laissant tomber le qualificatif de « lyonnais » qui ne servait plus à rien et prêtait à confusion. Nous avons informé nos abonnés en avril dernier par une « Lettre des CAL » de notre intention de faire une pause ; une grande partie des informations qui y étaient contenues sont reprises de façon dispersée dans le présent numéro.

Les réflexions que nous menons sur le devenir de notre entreprise ne sont pas terminées ; nous désirons dépasser les limites des milieux où nous avons eu le plus de succès à ce jour, à savoir ceux de la gauche libertaire. Nous avons pour cela fait l'effort financier d'acheter de l'espace publicitaire dans la presse - on lira à ce sujet en page 38 un compte-rendu de nos réussites et de nos échecs. On trouvera dans un peu le même esprit à partir de la page 11 un article auquel nous avons voulu donner une audience internationale et qui a été pour cela écrit en anglais (la traduction française suit à partir de la page 19). Comme nous l'avons déjà dit, nous souhaitons un renouveau - mieux, dirais-je aujourd'hui, la naissance pour de vrai - du mouvement de libération animale au niveau mondial ; ceci a amené nous-mêmes et d'autres à une rupture avec l'attitude politique de Peter Singer lui-même, pour des raisons qu'explique rapidement cet article. Un élément que j'y aborde, mais sur lequel je n'ai pas eu temps d'insister assez, est la nécessité, pour avoir une action politique dans le but de changer le monde - à quoi servirait-elle sinon - de s'engager. Et ceci est vrai tant pour les intellectuels connus que pour les militants de base. La libération animale ne pourra jamais être une réalité si chacun se contente simplement de changer ses propres habitudes alimentaires et autres. Un bon début pourrait être de prendre au sérieux l'appel que nous lançons à la fin même de cet éditorial, en bas de la page 4.

Un axe particulièrement fort que désirons exploiter est celui de l'analyse culturelle et idéologique de l'attitude actuelle relative aux non-humains et envers la pertinence des frontières biologiques ou autres. Une des diverses manières de poser des frontières entre soi et autrui est encapsulée dans l'idée de respect, qu'Yves Bonnardel critique à partir de la page 31 ; bien que son importance soit débattue, et que moi-même trouve difficile de ne pas utiliser le mot dans certains cas, la notion de respect me semble effectivement être, dans son sens le plus littéral, encore une manière de mettre l'accent sur les affres de l'agent - donc, de façon générale, de l'humain - en passant sous le boisseau ce qui compte réellement, c'est-à-dire le point de vue du patient, et tout particulièrement du non-humain. Encore dans le domaine culturel et idéologique, Yves Bonnardel nous présente en page 46 une conférence qu'il organise de la féministe Colette Guillaumin et les rapports qu'il perçoit entre les analyses de cette dernière et la libération animale.

Plusieurs livres sont sortis ces derniers mois concernant le statut des non-humains ; je n'ai eu le temps d'en commenter qu'un seul, dont on trouvera la critique à partir de la page 39.

Nous ouvrons enfin ce numéro sur la page ci-contre avec un article plus concret décrivant les conditions de vie de ces esclaves non humains que sont les poules pondeuses, à travers un témoignage direct. On notera que pour une fois l'article est illustré, et avec des dessins dont on admirera la qualité - si du moins leur finesse passe à la photocopie, ce que nous ne pouvons qu'espérer (on trouvera d'ailleurs en pages 50 et 51 une explication sur la fabrication de la revue et les difficultés qui y sont liées). Et nous terminons par un court extrait d'une œuvre de fiction, en pages 52 et 53.

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