Le descriptif des maux auxquels sont exposés les animaux sauvages peut se présenter sous la forme d’une liste : faim, soif, parasitisme, catastrophes naturelles (incendies, inondations…), prédation, accidents, maladies, etc. Il suffit de rappeler ces faits incontestables pour montrer que la souffrance est souvent présente dans la nature, et pour expliquer que beaucoup d’individus meurent jeunes.
Mais les RWAS ne s’en contentent plus. Depuis quelques années, une proposition est devenue un incontournable de leurs textes ou conférences : que la souffrance surpasse largement le bonheur dans la vie sauvage. Simple hypothèse au départ, elle tend à se muer en affirmation. On en parle comme d’un fait établi. Il ne s’agit pas d’un glissement imputable à quelques militants pressés, qui oublieraient de faire part à leurs interlocuteurs des attendus nécessaires. L’affirmation pure et simple de la prédominance massive de la souffrance se rencontre désormais dans des écrits dont les auteurs sont doctorants, enseignants-chercheurs ou chercheurs indépendants. Elle apparaît tantôt « sèche », tantôt précédée de l’incontournable passage sur la sélection r et K, que je m’en vais vous infliger à mon tour sous forme condensée.
Les espèces qui réussissent à se perpétuer sont celles où chaque individu a au moins un enfant qui lui-même parvient à se reproduire. Chez certaines espèces (la majorité), ce résultat est atteint en pondant des milliers d’œufs, dont la plupart n’atteindront pas le stade de l’éclosion, ou bien où les individus mourront très vite après leur naissance. Bien que la méthode soit involontaire, on parle de « stratèges r » pour désigner les animaux dont l’espèce se perpétue de cette manière (par exemple, les carpes). Chez d’autres espèces, la progéniture est moins nombreuse mais son taux de survie est bien meilleur. Ce sont souvent des espèces où les jeunes bénéficient de soins parentaux ou maternels (par exemple, les castors). On parle de « stratèges K » pour désigner les animaux qui ont ce mode de reproduction. Même chez les stratèges K, une majorité d’enfants n’atteignent pas l’âge adulte. En posant que chez les individus dont l’existence est brève la souffrance dépasse le bien-être, et sachant qu’ils sont l’écrasante majorité, on parvient à la conclusion que pour la plupart des êtres sentients la vie n’apporte quasiment que souffrance. Si l’on veut encore noircir le tableau, on ajoutera que même pour les animaux qui atteignent l’âge adulte, la vie est souvent si pleine d’épreuves que le solde de leur existence en termes de bien-être sera également négatif.
L’économiste Yew-Kwang Ng est le précurseur de l’hypothèse de prédominance de la souffrance. Son article de 1995 « Toward Welfare Biology » est un texte long et effectivement novateur. L’idée de Ng est qu’il faudrait développer une nouvelle discipline, la biologie du bien-être (comme il existe une économie du bien-être), qui aurait pour objet d’établir des connaissances sur le plaisir ou la souffrance des êtres vivants. Cette discipline serait une science. Couplée à une prescription telle que « il faut accroître le bien-être », elle pourrait déboucher sur des propositions normatives. Ng évoque les différents régimes de reproduction (la distinction entre les stratégies r et K est présente chez les biologistes depuis les années 1970). Il construit ensuite un petit modèle mathématique qui montre que la souffrance l’emporte sur le bien-être dans la nature si l’on pose en prémisses les hypothèses suivantes1 :
Ng se montre modeste quant à la portée de son modèle. Il admet tout à fait que les hypothèses (donc la conclusion) puissent être contestées. « Le point principal, écrit-il, est que la question de savoir si le bien-être des animaux est positif ou négatif est d’une importance capitale et demande à être étudié plus avant. On a besoin à la fois d’analyses conceptuelles et d’études empiriques pour renforcer nos connaissances. » (Ng, 1995, p.272). L’auteur juge légitime qu’à long terme, armés d’un savoir plus solide, on envisage d’intervenir pour amenuiser la souffrance des animaux sauvages, du moins si des méthodes existent pour le faire sans coût jugé prohibitif pour les humains. Mais il insiste sur le fait qu’il ne préconise aucune intervention dans ce domaine dans l’immédiat, le risque de perturber le système écologique étant trop grand. Sa seule préconisation est d’affecter des moyens à la recherche en biologie du bien-être afin d’être, un jour peut-être, en mesure d’agir efficacement.
Yew-Kwang Ng n’est sans doute pas la source d’inspiration directe des auteurs qui aujourd’hui parlent de la prédominance de la souffrance comme d’un fait établi. Il est plus probable qu’Oscar Horta et Brian Tomasik soient à l’origine de ce tournant, une quinzaine d’année plus tard, car tous deux sont des figures de proue du mouvement RWAS. On peut lire dans le numéro 40 des Cahiers antispécistes la traduction d’articles de ces deux auteurs où ils défendent la thèse de la prédominance de la souffrance2. Ils ne se montrent certes pas totalement affirmatifs. Mais la différence est très perceptible par rapport à Ng. Alors que ce dernier présentait plutôt son modèle comme un exercice exploratoire dans un domaine nouveau, Horta et Tomasik poussent nettement leurs lecteurs à considérer qu’il est hautement probable que la vie des animaux sauvages soit à solde lourdement négatif au regard des plaisirs et des peines.
Le site Animal Ethics, qui est un outil de diffusion – d’enseignement pourrait-on dire – de la pensée RWAS3, et dont Oscar Horta est l’un des administrateurs, ne manque pas de passages où cette affirmation se fait catégorique. Sur la page « Population dynamics and animal suffering » (Dynamique des populations et souffrance animale), on peut lire, au terme d’une explication sur la sélection r ou K : « Ainsi, aussi horrible que ce soit, nous devons conclure qu’il apparaît que la souffrance surpasse de façon écrasante le bonheur dans la nature. » La suite du texte invite à ne pas se faire d’illusions en imaginant (à tort) que ceci ne vaudrait que pour les espèces à stratégie r. Une autre page du même site4 a directement pour titre : « The evolutionary reasons why suffering prevails in nature » (Les raisons évolutionnaires pour lesquelles la souffrance prédomine dans la nature).
Désormais, pour toute une génération, la cause est entendue. Il ne s’agit pas d’une question ouverte mais d’un acquis. Il sert systématiquement de point d’appui pour faire valoir que la condition des animaux sauvages doit devenir une préoccupation prioritaire (puisque le problème a une ampleur démesurée). D’où la déception perceptible du milieu RWAS en découvrant l’article de Yew-Kwang Ng intitulé « How welfare biology and commonsense may help to reduce animal suffering » publié en 2016 dans la revue en ligne Animal Sentience. Ng répète en gros ce qu’il écrivait en 1995. Dans le volet où il aborde les recommandations pratiques, on lit ceci :
Les animaux sauvages étant de loin les plus nombreux, ils ont de façon générale et à long terme plus d’importance. Toutefois, pour ce qui est de la stratégie à court terme, Je suggère que, sans ignorer les animaux sauvages, nous mettions surtout l’accent sur les animaux d’élevage, et cela pour plusieurs raisons. Nous sommes plus directement en contact avec eux et sommes plus directement responsables de leur souffrance. Il est donc probablement plus aisé de gagner des convertis sur ce front. Par ailleurs, nous avons moins de connaissances et moins d’influence sur les animaux sauvages (excepté par notre empiètement sur leur habitat traditionnel). Par conséquent, nos tentatives de leur venir en aide aujourd’hui risquent d’être moins efficaces et plus incertaines. Les changements de la situation dans le monde sauvage peuvent aussi avoir davantage de répercussions écologiques à long terme. C’est pourquoi il serait sans doute sage de renvoyer au futur la plupart des mesures en leur faveur, quand nous en saurons davantage, après qu’il y ait eu beaucoup plus de progrès scientifiques, et après qu’une bien plus grande attention au sort des animaux d’élevage soit devenue la norme, légalement et culturellement. (Ng, 2016, p. 7)
Dans le fil de discussion ouvert sous cet article, on peut lire les contributions d’Oscar Horta et de trois jeunes auteurs très proches de sa pensée (Eze Paez, Catia Faria, et Daniel Dorado). Ils sont visiblement peinés que le père de l’hypothèse de prédominance de la souffrance tienne un discours pareil. En fait, Ng n’a tout simplement pas bougé d’un pouce par rapport à sa position initiale.
Pour faire valoir combien la nature est effroyable, certains affirment que les animaux d’élevage sont mieux lotis que les bêtes sauvages. Mark Sagoff assène dès 1984 que « La misère des animaux dans la nature […] est telle que toute autre forme de souffrance fait pâle figure à côté. Mère Nature est si cruelle envers ses enfants qu’en comparaison Frank Perdue semble être un saint. » (Sagoff, 1984, p. 303). Franck Perdue est cet industriel qui a fait fortune en développant des élevages géants de poulets à croissance rapide aux États-Unis. C’est l’homme dont PETA dira ceci en guise d’éloge funèbre (il est mort en 2005) : « PETA se souviendra de Frank Perdue comme de l’homme qui a peut-être été directement responsable de plus de souffrances et de morts animales que tout autre humain dans l’histoire. […] il n’a pas seulement fait abattre des milliards de poulets, on lui doit aussi le développement de beaucoup des techniques notoirement cruelles qui sont maintenant utilisées dans toute l’industrie avicole5. »
L’affirmation du « pire que » connaît une seconde vie dans des écrits plus récents, où on la voit côtoyer la thèse de la prédominance de la souffrance dans la nature, faisant en quelque sorte office de coup de massue complémentaire pour enfoncer le clou sur le thème de l’horreur de la vie sauvage. C’est ainsi qu’on la trouve dans un article de Thomas Sittler-Adamczewski en 2016 ( « Consistent Vegetarianism and the Suffering of Wild Animals »). L’auteur ne va pas jusqu’à prendre le poulet industriel comme référence, préférant utiliser les bovins d’élevage qui sortent dans les prés comme exemples de bêtes plus chanceuses que les animaux sauvages6. Cette même année 2016, Ole Martin Moen reprend plus fermement le flambeau, décrivant en ces termes les privilèges dont jouissent les animaux de ferme, y compris dans les élevages concentrationnaires : « Même si l’élevage industriel est souvent grotesque, les animaux captifs sont rarement tués de façons telles qu’ils mettent plusieurs minutes ou heures à mourir ; ils ne sont pas exposés à la prédation avant le moment de leur abattage ; ils ont généralement accès à des quantités suffisantes d’eau et de nourriture et vivent à une température confortable. » (Moen, 2016, p. 94)
Le 25 novembre 2016, Michael Plant, doctorant en philosophie à Oxford, publie sur son blog un essai intitulé : « The Unproven (and Unprovable) Case for Wild Animal Suffering ». Il se dit étonné du nombre de gens qui, dans le milieu de l’altruisme efficace, croient à la prédominance de la souffrance dans la nature. Il connaît les écrits de Brian Tomasik et commente en particulier son article de 2015 « L’importance de la souffrance des animaux sauvages ». Plant résume en ces termes la position qu’il défend :
Je ne soutiens ni que la vie des animaux sauvages est à solde globalement positif, ni qu’elle est à solde globalement négatif. À mon sens, personne n’est en mesure de démontrer l’une de ces propositions. Je n’entends nullement nier l’existence de la souffrance dans la vie sauvage. À l’évidence, elle existe. La thèse que je défends est que Tomasik exagère dans son argumentaire en faveur de la prédominance de la souffrance, et qu’il sous-estime la difficulté qu’il y a à faire des comparaisons interpersonnelles et inter-espèces du bonheur éprouvé. (Plant, op.cit.)
Plant détaille ensuite sa position. Retenons qu’outre les considérations habituelles sur les incertitudes qui pèsent sur la mesurabilité et la comparaison des utilités, Plant souligne l’étendue des données manquantes (et qui probablement ne seront jamais disponibles en quantité suffisante) pour se prononcer sur le signe du solde [plaisirs – peines] dans la nature prise dans son ensemble. Plant note qu’il faudrait des « biographies » individuelles de chaque animal, avec des données chiffrées sur les doses de plaisir ou de peine ressenties tout au long de son existence, une vie étant en général une alternance de passages dans la zone positive et négative. Il observe que les stratèges r, qui fournissent l’essentiel du carburant alimentant la thèse de l’horreur absolue de la vie sauvage, appartiennent pour la plupart à des espèces dont le degré de conscience et la nature de ce à quoi elles sont sensibles sont fort mal connus.
L’essai de Plant présente un intérêt tout particulier parce qu’il a suscité une réponse de Brian Tomasik. Ce dernier la publie sur son propre site le 28 novembre 20167. Tomasik commente des points spécifiques de l’essai de Plant, mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est que Tomasik ne cherche nullement à contester l’idée de Plant selon laquelle on ne dispose pas des données nécessaires pour établir que les peines excèdent les plaisirs. Il reconnaît que « [s]a position sur le solde de l’expérience hédonique dans la nature peut prêter à confusion ». Il apporte des informations sur sa sensibilité et ses convictions personnelles, dont il ressort que pour lui une mesure objective du bien-être n’existe pas, et que ce n’est pas sur cette base qu’il se fonde pour utiliser la réduction de la souffrance comme critère du bien. Tomasik écrit : « Je suis un anti-réaliste concernant la valeur morale et même concernant la conscience elle-même. Je ne crois pas qu’il existe un fait objectif concernant le niveau d’intensité d’une expérience, ou un moyen objectif de comparer la grandeur de plaisirs ou de peines. [I don't think there's an objective fact of the matter about how intense a given experience is, or how to compare the magnitudes of pleasures vs. pains.] ». Il se définit ensuite comme proche d’une forme forte de l’utilitarisme négatif8 [ « Personally, I'm close to a strong negative utilitarian »].
Les explications qu’apporte Tomasik en réponse à Plant ne signifient rien de moins que ceci : finalement, non, il ne soutient pas qu’on puisse affirmer qu’objectivement la souffrance dépasse le bonheur dans la nature, ou affirmer qu’il est très probable que ce soit le cas. C’est d’autant plus remarquable que Tomasik est l’un des rares RWAS qui consacre des efforts conséquents à collecter des données sur les faits et à parcourir quantité d’études scientifiques. Bien que se déclarant subjectiviste, ou anti-réaliste, il tente sans cesse d’évaluer si tel ou tel événement (par exemple le réchauffement climatique) ou telle ou telle activité (par exemple le recours à l’irrigation) accroît ou diminue la souffrance animale (même si ses tentatives se terminent en général sur le constat qu’il manque trop d’informations pour se prononcer). À cet égard, il contraste avec la majorité des auteurs RWAS qui, en matière de faits, se contentent de reproduire les généralités déjà énoncées par leurs voisins, ou de reprendre les exemples étudiés par d’autres (cf. la multiplication des références aux loups du parc de Yellowstone après qu’Oscar Horta – leader une fois encore – ait commenté leur réintroduction dans son article sur l’écologie de la peur paru en 2010).
À ce jour, le fait que Tomasik ait fait marche arrière sur l’affirmation de la prédominance de la souffrance n’a pas infléchi l’ardeur du milieu RWAS à la propager. (Il est vrai qu’Oscar Horta, qui a forgé l’expression « prédominance de la disvaleur dans la nature », continue à marteler l’idée dans des termes et avec des arguments inchangés9.) Pourtant, comme le souligne Plant, renoncer à cette proposition ne revient ni à nier l’existence de la souffrance dans la nature, ni à défendre la proposition inverse (également indémontrable).
Les animaux sauvages sont plus nombreux que les animaux d’élevage, qui eux-mêmes sont plus nombreux que les humains. Les données manquent pour chiffrer cela autrement qu’avec une marge d’erreur colossale. Toutefois, il n’y a pas de doute sur le fait qu’il y a beaucoup plus d’animaux sauvages que d’humains et animaux domestiques. Intuitivement, cela semble presque évident. Les humains ne se trouvent que sur une faction minoritaire des espaces habités parce qu’ils vivent sur les terres émergées et que les océans couvrent 70% de la planète. Les humains sont des animaux de grande taille, ce qui limite le nombre d’entre eux qui peuvent vivre sur une surface donnée. Même en leur ajoutant les animaux qu’ils élèvent, qui sont eux aussi de grande ou assez grande taille10, cela ne peut représenter qu’une petite proportion des individus composant le règne animal. Une autre façon de pressentir que la proposition est vraie est de se souvenir qu’il existe plusieurs millions d’espèces animales. Les humains ne sont que l’une d’entre elles, et ils n’en ont domestiqué que quelques autres.
Sur une page de son site11, Tomasik livre des estimations qu’il a faites du nombre d’animaux sauvages à partir de diverses sources. On y trouve notamment les ordres de grandeurs suivants :
S’y ajoutent d’autres catégories nombreuses telles que les vers de terre.
Tomasik estime à 2,4 x 1010 le nombre de vertébrés terrestres détenus dans les élevages. Les humains quant à eux sont moins de 8 milliards (8 x 109).
Résumons. Les RWAS rappellent volontiers qu’il y a beaucoup plus d’animaux sauvages que domestiques. Quelques-uns ajoutent que les animaux sauvages souffrent plus que les animaux d’élevage. Et désormais, un concert de voix ininterrompu soutient qu’il y a beaucoup plus de souffrance que de bonheur dans la nature. Si la première proposition est incontestable, il est douteux qu’on puisse évaluer la véracité des deux dernières. Pourquoi ont-elles connu un tel succès, en particulier la troisième ? Peut-être par un simple effet de contagion entre personnes d’un même milieu intellectuel et militant. Les humains sont des animaux sociaux ; la transmission fonctionne bien entre membres d’un même groupe, surtout quand une idée est forgée ou reprise par des individus ayant acquis une position d’autorité. Il se peut aussi que le déluge des « plus » ait séduit parce qu’on a affaire à des gens soucieux de mobiliser sur le thème de la souffrance des animaux sauvages. Dès lors, ils sont portés à accueillir favorablement tout ce qui peut contribuer à faire valoir combien le problème est vaste et dramatique. Il n’en reste pas moins sidérant qu’il ait pu se former un milieu intellectuel qui s’estime compétent pour trancher la question « La vie vaut-elle la peine d’être vécue ? » à propos de milliers de milliards d’animaux dont il n’a pas la moindre connaissance précise, avec pour unique outil le thème de la sélection r et K, saupoudré de quelques considérations complémentaires destinées à faire valoir que, même pour les stratèges K, la réponse est le plus souvent négative.
Il ne s’agit pas d’un cas d’outrecuidance aux effets bénins. Car la « démonstration » de l’écrasante prédominance de la souffrance dans la nature n’est pas un moyen comme un autre d’attirer l’attention du public sur le sort des animaux sauvages. Elle influe sur les remèdes qu’il est raisonnable de préconiser. Nous y reviendrons plus loin (chapitre 5).