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Cahiers antispécistes n°37 - [Livre] - Quels droits politiques pour les animaux ? - Introduction à Zoopolis

Avant-propos

Zoopolis – A Political Theory of Animal Rights de Sue Donaldson et Will Kymlicka, est paru le 24 novembre 2011. Comme La libération animale de Peter Singer ou Les Droits des animaux de Tom Regan, il y a des chances que ce livre devienne un classique de la pensée contemporaine sur la question animale. Il appartient cependant à une génération différente de celle des écrits pionniers, et de la littérature qui s'en est suivie, largement axés sur la critique du spécisme, la condamnation des industries d'exploitation animale et la défense du véganisme comme alternative éthique aux modes de production et de consommation actuels. Chez Donaldson et Kymlicka, l'accent est mis sur d'autres thèmes. En quelque sorte, les auteurs nous invitent à penser ainsi : « Nous avons bien avancé dans la compréhension de ce qu'il ne faut plus faire subir aux animaux. Mais que devraient être les relations entre les humains et les autres habitants de la Terre ? Il est temps de réfléchir davantage à la bonne manière de vivre avec les animaux en tant que voisins ou amis. » Voilà un champ immense qui appelle des réponses à des niveaux multiples : celui des relations interindividuelles dans leur singularité, celui de l'éducation et des normes acquises qui guident les comportements, celui des techniques et dispositifs matériels qui facilitent la coexistence… L'angle d'approche de Donaldson et Kymlicka consiste à s'intéresser essentiellement aux principes de base qui devraient régir l'architecture juridique et politique de la société. Quelles seraient les grandes lignes d'un cadre institutionnel juste prenant en compte les humains comme les non-humains ? Qu'impliquerait un tel cadre sur les conditions de vie concrètes des êtres sentients ? Tel est le sujet de leur réflexion.
Zoopolis est un livre important parce qu'il est une force de proposition dans un domaine jusqu'ici trop peu exploré. Il est en outre brillamment pensé et écrit. Nul doute que ce livre va susciter une masse de commentaires, prolongements et critiques, et que cette littérature secondaire viendra enrichir (et questionner) les bases posées par les auteurs.
Il va sans dire que la meilleure façon de prendre connaissance d'un ouvrage consiste à le lire. Tout compte rendu effectué par un tiers est un filtre qui réduit, transforme et réorganise l'information contenue dans l'original, même sans volonté délibérée de la travestir. Il m'a cependant paru utile de rédiger cette Introduction à Zoopolis parce que le cercle des personnes concernées par un livre dépasse de beaucoup son lectorat effectif. Ce texte-ci étant en libre accès sur Internet, il pourra atteindre une fraction des personnes qui n'achèteront pas Zoopolis, et donner à d'autres l'envie de l'acquérir. Par ailleurs, il n'existe pas pour l'heure d'édition française de ce livre. En attendant, les francophones qui lisent difficilement l'anglais pourront s'en faire une idée en parcourant les pages qui suivent.
Le présent ouvrage comporte six chapitres. Les quatre premiers sont centrés sur Zoopolis proprement dit. Dans les chapitres 5 et 6, nous élargirons le propos à d'autres écrits des auteurs.

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